Wwoof autour du monde

C'est l'histoire d'une journaliste qui va se nettoyer les neurones durant un an en faisant du wwoofing autour du monde.

Pour ceux qui ne connaissent pas, wwoofing: willing workers on organic farms, c'est-à-dire aider des agriculteurs bio et en échange être logé et nourri.

Pourquoi du wwoofing? Parce qu'il combine tout ce que j'aime: la nature, le grand air - ah, les mains dans la terre, finir sa journée crottée - les voyages, les rencontres... Et surtout, je n'avais pas envie de "voyager pour voyager", mais trouver un fil conducteur et apporter ma petite contribution à une autre façon d'envisager notre monde.

Attention! Ce n'est pas un travail journalistique que je fais ici, je ne prétends pas à l'exactitude, mais au partage de ce que je vis. Pour le plaisir, simplement...

dimanche 21 février 2016

Bangkok, de l'ancien squat aux temples

Le moins que l'on puisse dire, c'est que passer du Japon à Bangkok a fait un choc... Bangkok: étouffante, tentaculaire, brouillonne, bruyante... J'ai eu du mal à l'apprécier. Peut-être aussi étais-je à un moment de mon voyage où la fatigue se faisait jour: neuf mois sur la route; je pense que j'étais arrivée à ce moment que les tourdumondistes connaissent: un ras-le-bol, une envie de s'enfermer chez soi et de ne rien faire.

Les trois premiers jours, j’ai donc hiberné – d’autant plus qu’il faisait froid ! Incroyable! – à l’Overstay hotel. Une expérience très intéressante : ancienne maison de passe, mi-squat, mi-hotel, qui avait eu l’honneur, il y a une dizaine d’année, de remporter le titre de « pire hôtel du monde » par le Lonely planet. A l’époque toutes les drogues s’y échangeaient, il n’y avait pas de lit, chacun mettait son matelas où il voulait, il n’y avait pas de femmes de ménage, et le lieu faisait salle de concert chaque week-end. Parmi  les splendides dessins muraux, un à l'humour très noir: avis d'embauche d'un remplaçant de Pol Pot, avec, entre autres qualité requises "transformer une ancienne école en camp de torture", avoir comme hobby "se promener dans les champs de la mort", etc, etc...





Mais cette époque est terminée, le lieu s’est assagi, junte militaire au pouvoir oblige, qui a grandement mis un frein sur les folies des nuits de Bangkok, et l’on sent dans l’hôtel comme un ennui, une nostalgie qui flottent. Mais pour moi, c’était déjà fort amusant. Première impression : les chats y sont rois, ce  que l’on comprend très vite vu la délicieuse odeur de pipi de chat qui flotte dans les lieux… Du coup j’ai laissé tomber le dortoir où je pensais dormir, et j’ai opté pour une chambre, moins odorante, dotée d'un voisinage très intéressant  sur le mur: j’ai d’abord cru à un lutteur de sumo, qui s’est révélé être une dame qui dépassait de loin tous les fantasmes felliniens.

Le dortoir où j'ai lâchement décidé de ne pas dormir après avoir senti l'odeur.

Ma compagne pour trois nuits. Mimi, non?

Avec Laure, rencontre à l'Overstay de Philippe, un Français habitant en Thailande et qui s'est fait tatouer les tatouages sacrés thailandais.


Mes trois jours d’hibernation ont heureusement été animés par la visite de Laure, une jeune journaliste sélestadienne habitant aujourd’hui à Bangkok. Grâce à elle et son compagnon Tom, j’ai pu apprendre des aspects de la Thailande, de sa vie, ses habitants, sa politique, que je n’aurais jamais connus autrement. Bangkok, ville de tous les possibles, de toutes les folies...

L’inconvénient de partir sur le long terme est qu’on ne peut tout prévoir. Bangkok était sensé être une courte étape pour demander mon visa pour la Chine. Sauf que… j’y suis arrivée au moment du Nouvel An chinois. Ambassade fermée. Coincée à Bangkok, j’ai donc bien dû faire avec..

Alors, Bangkok ? En simplifiant – mais pas tant que cela – je pourrais dire que la ville, pour les touristes, se résume à trois choses : étape obligée pour le visiteur par avion car point névralgique du transport aérien ; plan cul ; plan shopping. Allez, on rajoute tout de même la visite des temples Wat Phra Kaew et son bouddha d’émeraude – tout petit, 50 cm environ, mais cela représente tout de même une belle émeraude , statue sacrée, que l'on ne photograhie pas-, Wat Pho et son bouddha couché et ses jardins ; Wat Arum et ses stupas couverts de porcelaine. 

Pour entrer dans ces enceintes sacrées, il faut être vêtu décemment, jambes et épaules couvertes; mais les Thais ont prévu le coup: pour les touristes en short et débardeurs, ils prêtent des sarongs et t-shirts, ce qui donne parfois des allures asse croquignolettes aux visiteurs.

Wat Phra Kaew:


Wat Phra Kaew: ambiance très intimiste, n'est-ce pas? 

J'adore regarder les gens prendre les poses les plus variées.




Ce que j'ai préféré dans ce temple étaient ces fresques, splendides.







Wat Pho: 


Wat Pho abrite un bouddha couché de 43 mètres, impressionnant et pourtant empreint de sérénité...


Wat Pho est un hâvre de paix à comparer avec Wat Phra Kaew; dans ses jardins on peut se faire bénir par des bonzes.






Wat Arum:


Pour rejoindre Wat Arum, on emprunte ce petit bateau pour 3 baths (0,08 euros).



Le privilège d'être un occidental dans un pays au niveauu de vie de la Thailande: pouvoir aller dans des lieux qu'on ne pourrait s'offrir chez soi, tel ce restaurant face à Wat Arum.


Mais finalement, je m’y suis faite, et j’ai appris à apprécier la ville, grâce aux rencontres avec Laure et Tom – ah, la soirée de discussions totalement incroyables avec James et Hans, écrivains-photographes-profs – grâce aux rencontres avec Mathieu, le fils d’une amie vivant lui aussi à bangkok ; jet aussi parce que les Thailandais sont adorables. Vendeuses de jus de légumes frais chez qui j’allais chercher mon jus de carotte – céleri – pomme ; monsieur qui me prend presque par la main pour que je trouve mon chemin dans les bus ; gens qui me sourient comme ça, tout simplement…


Je suis devenue aussi une experte de ses centres commerciaux, pétant de luxe incroyable et lieux de refuge contre la chaleur étouffante et pour être tranquillement dans un café sur mon ordi. Beaucoup de jeunes Thais passent ainsi des heures dans les Starbucks coffee, les utilisant comme bureau pour travailler. Une façon comme une autre de connaître une ville…


samedi 20 février 2016

Tokyo, fin: du thon aux enchères à la nuit avec les mangas

Et voilà, dernières visions du Japon! Avec, à la clef, se lever à 2 h 30 pour assister à la vente aux enchères des thons au marché Tsukiji, un des plus grands marchés de poissons au monde. La vente aux enchères de thons à 5 heures du  matin, est une attraction, et comme on n'accepte que 120 visiteurs par jour, faut se lever tôt - ou ne pas se coucher, c'est au choix - pour être sur d'avoir une place.

Ambiance nocturne, juste pour le plaisir.


Les yeux encore empapillonnés, je débarque donc au marché, trouvant heureusement sur mon chemin une jeune Anglaise, car le chauffeur de taxi n'a semble-t-il pas vraiment compris ce que je cherchais et m'a donc laissée un peu loin. Faudra que j'améliore mon japonais, moi... A l'entrée, une trentaine de personnes sont déjà là; on nous donne un gilet fluo, et c'est parti pour deux heures d'attente, assis par terre. Les uns essayent de dormir un peu, d'autres jouent aux cartes, la plupart attendent, les yeux dans le vague.

A l'heure dite, appel très militaire: debout, allez allez! Un véritable cordon de gardes nous accompagne, d'une part pour nous protéger des fenwicks qui slaloment comme des malades dans les allées, et surtout pour veiller à ce que nous ne nous éloignions pas plus d'un centimètre de l'espace prévu pour nous. Celui qui ose dépasse d'un pied se fait vite remettre à l'ordre. Cela nous amuse finalement beaucoup.






Et la vente aux enchères dans tout ça? Le moins qu'on puisse dire est que nous restons sur notre faim: un grand espace avec des thons congelés ça et là, des hommes qui les inspectent avec une lampe, et ça et là un homme chargé des enchères qui crie quelque chose comme "Tai, tai, tai". Qui a donné un prix? Qui a surenchéri? Je ne sais pas, nul mouvement ou cri chez les acheteurs. On sait que les thons ont été vendus car l'homme inscrit quelque chose sur son carnet, et un ruban est attaché aux thons achetés.

Finalement, ce que j'ai préféré a été de voir le ballet des fenwicks dans la nuit; je ne saurai jamais comment ils font pour ne pas se rentrer dedans, ils filent dans tous les sens, se frôlent...




La balade ensuite dans le marché aux poissons permet de voir les milliers de boutiques, de poissons frais ou séché, d'épices, d'une foule de choses dont nos palais n'ont aucune notion. Un fort sympathique monsieur "qui a gagné beaucoup d'argent au jeu" m'a expliqué un  jeune homme, m'a offert, ainsi qu'à d'autres touristes qui le voulaient bien de déguster à 6 h du matin des coquilles saint jacques grillées. Gagné beaucoup d'argent au jeu, hein? Vu sa tête, je ne serais pas étonnée s'il avait des tatouages sur le corps, signe distinctif des yakuza, les membres du crime organisé au Japon. J'ai essayé de jouer la naive pour le photographier, il a prétexté qu'il était "très timide" pour se cacher derrière le grilleur des coquilles saint jacques...



Du monsieur généreux et "timide", je n'ai eu que la jambe derrière le marchand des coquillages.

Coquille saint jacques grillées à 6 h du matin.

Je soupçonne la famille se sortir grand-mère pour attirer les touristes vers le stand...




A deux pas du marché grouillant, un temple shinto, lieu de sérénité.


Chose intéressante par ailleurs: le marché aux poissons est juste à côté de Ginza, le quartier du luxe de Tokyo, ses Champs-Elysées. Chanel, Vuitton, Armani juste à côté des thons, on en tirera les conclusions que l'on voudra.

Instantané dans le métro: une coque de smartphone en Ajax vitre....


Sinon, je suis retournée à  Shibuya, pour admirer de nouveau le Shibuya scramble crossing, le passage piéton le plus fréquenté au monde. On dit qu'un million de personnes le traversent chaque jour. Voir le mouvement de la foule, s'accumuler lentement au bord des trottoirs puis, au feu vert, venir comme quatre vagues et se rencontrer au milieu est un spectacle fascinant. Un des meilleurs endroits pour le voir est le Starbucks coffee au coin, dont les tabourets le long de la vitre sont pris d'assaut.

Shibuya est aussi le quartier d'Hachiko, un chien dont l'histoire m'avait fait pleurer lorsque j'étais enfant: tous les jours il accompagnait son maître à l'arrêt de bus, et tous les soirs il l'attendait. Un soir, son maitre n'est pas venu: renversé par une voiture, il avait été tué. Hachiko l'a attendu jour et nuit. Les voisins l'ont pris en pitié et l'ont hébergé. Mais jusqu'à sa mort, tous les jours Hachiko est venu attendre son maître.




J'ai aussi envoyé un paquet en France. Comme je demandais si possible de beaux timbres, les postières ont été adorables et se sont fait un point d'honneur de mettre toutes les sortes de timbres. Et voilà le travail!


Les backpackers hotels au Japon sont dignes de trois étoiles. Ici, le Space hotel.

20 euros la nuit, et on a même shampoing, après-shampoing, lotion hydratante, after shave pour les hommes, etc, etc...


Et pour ma dernière nuit avant Bangkok, je tenais à dormir dans un manga kissa, un café internet et manga. Des étagères et des étagères de mangas, une ambiance feutrée, des gens qui vont et viennent en chaussons (on enlève ses chaussures), du café et des friandises à disposition: chacun est dans un box, avec un ordi, un fauteuil confortable (au choix, inclinable ou carrément coussins pour s'allonger, ce que j'ai choisi), et peut y rester autant de temps qu'il/elle veut.. voire donc y dormir. Des gens font cela quand ils ont raté le dernier métro, du coup on y trouve aussi des douches.


A l'étage en dessous du manga kissa, le magasin manga.



Harry Potter s'y trouve aussi.

Le manga kissa: des rangées de mangas...

Et de boxes pour lire les mangas.


Mon box, où j'ai dégusté de délicieux sushis achetés au magasin du coin.


Avant de m'endormir - et de beaucoup mieux dormir que je n'aurais pensé! - je me suis régalée de livres sur des chats dormant dans toutes les positions possibles - les Japonais sont dingues de leurs chats - de cochons d'inde pris surtout depuis leur postérieur, mais aussi de mangas historiques, sociétaux... et dégustant d'excellents sushis.

C'était ma dernière vision du Japon...